La FIDA (Financial Information Data Access) est une initiative européenne ambitieuse qui vise à transformer la gestion et le partage des données dans le secteur financier, notamment en assurance. Mais que cache réellement cette future directive ? Quels bénéfices concrets pour les assurés ? Et quels défis pour les acteurs du marché ? Décryptage.
L’objectif de la FIDA : libérer les données financières, au service du client
L’enjeu principal de la FIDA est simple : faciliter l’accès des assurés à leurs propres données financières et assurantielles, dans un format standardisé, sécurisé et interopérable. Grâce à ce cadre harmonisé, les clients pourront partager leurs informations avec des acteurs agréés pour accéder à des services personnalisés, comme :
- Un meilleur suivi de leur patrimoine financier
- Des bilans retraite consolidés
- Des opportunités de regroupement de crédits
- Des comparaisons d’assurance auto ou habitation plus fiables
En parallèle, les utilisateurs de données (fintechs, agrégateurs, conseillers, etc.) pourront développer de nouveaux services innovants, à condition d’obtenir le consentement explicite du client.
Quels produits sont concernés par la FIDA ?
La directive vise une ouverture progressive des données sur plusieurs segments clés :
🏦Épargne
La FIDA facilitera la consolidation de l’épargne (livrets, comptes-titres, assurance-vie), ce qui sera précieux pour l’analyse patrimoniale ou les demandes de crédit. Mais attention : cette transparence ne doit pas devenir un frein à l’accès au crédit pour les foyers modestes.
🧓 Retraite
Elle devrait aussi booster l’épargne retraite, en permettant aux clients de mieux visualiser leurs droits issus de contrats surcomplémentaires, souvent oubliés.
🏢 Entreprises
Une analyse de solvabilité plus rapide et fiable grâce aux données consolidées.
🚗 Assurance IARD (auto, habitation)
La comparaison entre contrats existants et offres du marché sera facilitée, tout comme la vérification de la sinistralité, point clé pour les assureurs.
💳 Crédit
Les emprunteurs pourront identifier plus facilement des opportunités de restructuration de leurs crédits.
📌 À noter : les produits santé et prévoyance ne sont pas concernés à ce stade.
Des défis techniques, juridiques et sécuritaires encore nombreux
Si l’intention est claire, la mise en œuvre pratique reste floue :
- Quelles données seront réellement accessibles ? (administratives, garanties, sinistres, documents ?)
- Quels seront les standards API, modèles économiques, ou encore les sanctions réelles en cas de non-respect ?
- Comment garantir un consentement vérifiable et une protection contre les fuites de données, notamment à l’international ?
La FIDA prévoit un processus d’autorégulation, mais la Commission européenne pourrait imposer des normes dans un délai de 18 mois si aucun consensus n’émerge.
Comment FIDA va fonctionner ?
La mise en place de FIDA se fera progressivement, sur le long terme. L’objectif est de permettre aux assurés de partager leurs données financières et assurantielles (contrats, garanties, sinistres…) avec des entreprises agréées, pour accéder à des services personnalisés.
Ces données seront mises à disposition par les détenteurs des informations sur les contrats souscrits par le client (Banques, Assureurs etc.).
Pour que cela fonctionne, il faudra définir :
- des normes techniques (formats, API),
- des règles tarifaires,
- un agrément officiel pour les prestataires autorisés à accéder aux données.
Mais tout cela reste à construire, et pourrait prendre plusieurs années. Si les acteurs du marché ne s’accordent pas dans les 18 mois suivant la mise en œuvre, l’Union européenne pourra imposer des règles.
Enfin, la sécurité des données et le consentement du client seront des éléments clés. Reste à savoir si les assurés seront prêts à centraliser tous leurs contrats sur une plateforme – ce qui demandera un vrai changement de mentalité.
Quels impacts pour les assureurs ?
Les assureurs européens expriment déjà leurs inquiétudes :
- Complexité technique et coûts élevés
- Risques de sécurité informatique
- Atteinte possible au principe de mutualisation en non-vie
- Nouveau champ de conformité à maîtriser, avec potentiellement des sanctions à la clé
À court terme, la pression sur les systèmes d’information sera forte, notamment pour identifier et structurer les données clients sur des systèmes hétérogènes.
Et pour les assurés, une révolution ou un mirage ?
L’usage réel de la FIDA dépendra de l’adhésion des clients. Accepteront-ils de centraliser et partager toutes leurs données sensibles via un agrégateur ? Pas certain. La culture du secret et de la prudence est encore bien ancrée dans les comportements.
Sans une pédagogie forte et une protection solide du consentement, les usages pourraient peiner à décoller… malgré l’intérêt évident en matière de comparaison, personnalisation et simplification des démarches.
Conclusion : une directive prometteuse, mais à haut risque d’exécution
La FIDA ouvre des perspectives enthousiasmantes pour un secteur financier plus transparent, centré sur l’utilisateur et stimulant l’innovation. Mais les zones d’ombre sont nombreuses : normes techniques, gouvernance, sécurité, agrément des prestataires, etc.
En l’absence de réponses concrètes et d’un cadre réellement protecteur pour le client, la promesse d’une donnée libre, utile et sécurisée pourrait rester lettre morte.
🔎 À suivre :
- Adoption formelle de la directive (date encore inconnue)
- Mise en place des groupes de travail techniques
- Définition des agréments, normes API, modalités tarifaires et juridiques
💬 Et vous, votre organisation est-elle prête pour la révolution FIDA ?
Plongez dans l’univers de la FIDA avec Adlen Yousfi !
Dans cette interview, il partage ses connaissances sur la FIDA, ses impacts potentiels et souligne l’importance d’anticiper les mutations du secteur assurantiel et financier.
Regardez l’interview ici :